Pages

jeudi 15 mai 2014

Time extrait 9: L'Ombre de l'eau, chapitre 8

Et voilà un extrait!


Elle courait. Les lumières des lampadaires défilaient à toute allure sous ses yeux ; Elle avait les poumons en feu, le souffle court et le cœur qui battait plus vite encore qu’elle ne l’avait jamais senti. Mais… pourquoi courait-elle ?
Arya s’arrêta sous une lampe et reprit sa respiration, pénement. Pourquoi avait-elle reprit les commandes en courant. Quelqu’un la suivait ou l’avait agressé ? Elle avait tout oublié. L’Autre était-elle apparu ? Avait-elle tué ? Arya ignorait tous des cinq dernières heures, et cela l’angoissait.
« Les filles ? Qu’es-ce qui se passe ? » demanda-t-elle, mais elle ne reçut aucune réponse. Pour la première fois, elle aurait préféré entendre une remarque ironique de Lamia plutôt que ce silence glacial.
Elle devait courir pour une bonne raison. Elle devait échapper à quelque chose, à quelqu’un ? Pourquoi personne ne lui répondait ? Arya, qui avait toujours voulu être normal, sans multiples personnalités, espéra que celles-ci existent encore. Elle ne connaissait pas son passé, elle ignorait son présent, alors qu’adviendrait-il du futur ?  Les questions se succédaient dans sa tête dans un tourbillon incessant, sans qu’une petite réponse n’accompagne son interrogation. Son cerveau refusait de lui livrer ces dernières heures.
Elle s’essuya la transpiration sur son front et remarqua de l’eau, plus froide au niveau des yeux. Elle avait pleuré. Pourquoi ? C’était forcément en rapport avec le fait qu’elle courait. Quelqu’un avait fait quelque chose à Lamia ou à Muna. L’Autre n’aurait jamais pleuré, et de savoir que cette diablesse n’est pas apparu la rassura quelque peu.
Arya entendit des éclats de voix, de l’autre côté de la rue. Elle s’approcha, doucement, à pas de chats, comme si elle avait peur de ces rires. Mais oui, elle en avait peur ! Elle avait peur de tout en ce moment même ! C’était chaque fois la même chose. Une des filles prenaient le contrôle, se mettaient dans le pétrin, le plus souvent Lamia, et laissait Arya régler le problème. Et comme si ce n’était pas assez difficile comme ça, Lamia supprimait les souvenirs de la jeune femme. Bien des fois elle s’était retrouvée dans un restaurant, avec une addition qu’elle ne pouvait payer, dans une rue, à moitié nue, avec une bande de garçon qu’elle ne connaissait pas. A chaque fois, elle devait se servir de sa tête, de son instinct, et des indices laissés sur son corps pour comprendre et résoudre la situation. A chaque fois, elle paniquait quelques minutes, puis se calmait et attaquait le problème avec un grand sens logique et des grands mots, creux.
            Mais là… c’était différent. Elle était seule, dans une rue à courir comme une hystérique, les joues couvertes de larmes, sans une once d’explications, sans un seul indice. Sans rien. Elle était livrée à elle-même, elle devait se débrouiller alors qu’elle ignorait tout du problème. Et pourquoi personne ne l’aidait ? En temps normal, après qu’elle se soit calmer, Lamia ou Muna l’aidaient, elles lui expliquaient la situation, mais là, depuis cinq minutes déjà, aucunes voix n’avait résonné dans le crane d’Arya. Mais elle ne s’était pas calmée. Elle était effrayée, et cette peur ne diminuait pas.
            Arya, caché derrière une poubelle, vit une bande de garçons entrer dans une maison. Un vigile surveillait l’entrée. Il les regarda un instant et les laissa passer. Ce devait être une boîte et ces gens devaient être des habitués. Il y en avait quatre. Tous grand, la peau clair, mais deux étaient blond, un châtain et le dernier, brun. Ils allaient s’amuser, faire la fête.

            —Arya, calme-toi. C’était qu’une bande de pote qui vont faire la fête. Ils ne sont pas dangereux, personne ne l’est. Tu es en sécurité.» dit-elle à haute voix pour se convaincre. Mais ses paroles sonnaient fausses.