Elle courait. Les
lumières des lampadaires défilaient à toute allure sous ses yeux ; Elle
avait les poumons en feu, le souffle court et le cœur qui battait plus vite
encore qu’elle ne l’avait jamais senti. Mais… pourquoi courait-elle ?
Arya s’arrêta sous une
lampe et reprit sa respiration, pénement. Pourquoi avait-elle reprit les
commandes en courant. Quelqu’un la suivait ou l’avait agressé ? Elle
avait tout oublié. L’Autre était-elle apparu ? Avait-elle tué ? Arya
ignorait tous des cinq dernières heures, et cela l’angoissait.
« Les
filles ? Qu’es-ce qui se passe ? »
demanda-t-elle, mais elle ne reçut aucune réponse. Pour la première fois, elle
aurait préféré entendre une remarque ironique de Lamia plutôt que ce silence
glacial.
Elle devait courir pour
une bonne raison. Elle devait échapper à quelque chose, à quelqu’un ?
Pourquoi personne ne lui répondait ? Arya, qui avait toujours voulu être
normal, sans multiples personnalités, espéra que celles-ci existent encore.
Elle ne connaissait pas son passé, elle ignorait son présent, alors
qu’adviendrait-il du futur ? Les
questions se succédaient dans sa tête dans un tourbillon incessant, sans qu’une
petite réponse n’accompagne son interrogation. Son cerveau refusait de lui
livrer ces dernières heures.
Elle s’essuya la
transpiration sur son front et remarqua de l’eau, plus froide au niveau des
yeux. Elle avait pleuré. Pourquoi ? C’était forcément en rapport avec le
fait qu’elle courait. Quelqu’un avait fait quelque chose à Lamia ou à Muna.
L’Autre n’aurait jamais pleuré, et de savoir que cette diablesse n’est pas
apparu la rassura quelque peu.
Arya entendit des
éclats de voix, de l’autre côté de la rue. Elle s’approcha, doucement, à pas de
chats, comme si elle avait peur de ces rires. Mais oui, elle en avait
peur ! Elle avait peur de tout en ce moment même ! C’était chaque
fois la même chose. Une des filles prenaient le contrôle, se mettaient dans le
pétrin, le plus souvent Lamia, et laissait Arya régler le problème. Et comme si
ce n’était pas assez difficile comme ça, Lamia supprimait les souvenirs de la
jeune femme. Bien des fois elle s’était retrouvée dans un restaurant, avec une
addition qu’elle ne pouvait payer, dans une rue, à moitié nue, avec une bande
de garçon qu’elle ne connaissait pas. A chaque fois, elle devait se servir de
sa tête, de son instinct, et des indices laissés sur son corps pour comprendre
et résoudre la situation. A chaque fois, elle paniquait quelques minutes, puis
se calmait et attaquait le problème avec un grand sens logique et des grands
mots, creux.
Mais
là… c’était différent. Elle était seule, dans une rue à courir comme une
hystérique, les joues couvertes de larmes, sans une once d’explications, sans
un seul indice. Sans rien. Elle était livrée à elle-même, elle devait se
débrouiller alors qu’elle ignorait tout du problème. Et pourquoi personne ne
l’aidait ? En temps normal, après qu’elle se soit calmer, Lamia ou Muna
l’aidaient, elles lui expliquaient la situation, mais là, depuis cinq minutes
déjà, aucunes voix n’avait résonné dans le crane d’Arya. Mais elle ne s’était
pas calmée. Elle était effrayée, et cette peur ne diminuait pas.
Arya,
caché derrière une poubelle, vit une bande de garçons entrer dans une maison.
Un vigile surveillait l’entrée. Il les regarda un instant et les laissa passer.
Ce devait être une boîte et ces gens devaient être des habitués. Il y en avait
quatre. Tous grand, la peau clair, mais deux étaient blond, un châtain et le
dernier, brun. Ils allaient s’amuser, faire la fête.
—Arya,
calme-toi. C’était qu’une bande de pote qui vont faire la fête. Ils ne sont pas
dangereux, personne ne l’est. Tu es en sécurité.» dit-elle à haute voix pour se
convaincre. Mais ses paroles sonnaient fausses.